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Un jeu d’enfant

Mamadou Diallo

Juillet 1994, voici venues les vacances, qui libèrent des tourments et de la tyrannie de l’école, inspire aux enfants hosanas et mines réjouies. Je quitte avec la famille Bouaké. À Abidjan, nous embarquons dans un vol Air Afrique en direction de Dakar d’où, par l’unique autoroute du pays, nous gagnons Rufisque. Dans la maison du patriarche, nous formons une bande d’enfants de 7, 9, 10 ans et la vie est un long divertissement. Parfois nous vient l’idée d’aller fouiner dans le terrain vague du bout de la rue. Il s’y trouve des buissons qu’habitent des « ngalés », insectes trapus, aux vifs coups d’ailes, dont nous lions les pattes à de fines cordes pour ensuite s’égayer de les voir voler en rond. Gobi, homme à l’imposante stature, grisonnant, la peau tannée par le soleil et le sel marin, visite parfois le quartier et porte avec lui des bassines pleines de crabes. Certains rejoignent la cohorte de nos camarades de jeux. Avec des capsules de boissons gazeuses, aplaties puis aiguisées, ainsi que du fil, nous fabriquons des « xandal », jouets dont les mécanismes, activés en tirant sur leurs deux bouts, entrainent une rotation rapide de la capsule devenue lame. Nous jouons alors à qui, le premier, coupera avec son « xandal » le fil de l’autre. Entre faire voler nos ngalés en laisse, nos duels de « xandal » ; les pétards que l’on ne se lasse pas, fort à propos, de faire péter ; les balades qui dures des heures dans les quartiers de Keury Kaw et de Keury souf, les personnages hauts en couleur que nous y croisons : on s’amuse tellement que s’en est presque indécent. J’ai souvenir aussi de notre bande, en maillot de bain à la plage où nous nous rendions seuls, organisant en son sein de gentils combats de lutte. Nous nous faisions face, chacun plongeait son regard dans celui de l’autre et jetait nonchalamment, dans une sorte de balai donnant lieu à plusieurs contacts préliminaires, ses bras à la rencontre de ceux de son adversaire. Puis venait l’abordage, le corps à corps, la prise, la tension des muscles, de l’échine aux orteils, la crispation des visages, l’ultime effort enfin, celui qui voyait l’un des gringalets lutteurs terrasser l’autre. Je finissais souvent dans le sable, perdant, la tête à la renverse, observant de travers mon vainqueur qui dans sa course jubilait les bras levés. Je ne m’en amusais pas moins. 

La lutte est, dans la culture populaire sénégalaise, comme le Sabar dont nos corps entendent viscéralement les rythmes compliqués : une présence dans la société à laquelle nul n’échappe et qui est, dès l’enfance, inscrite dans l’intimité et la sensibilité de chacun. Un morceau de rap que l’on entend beaucoup, ces derniers temps à Dakar, en mobilise l’imagerie et le vocabulaire[2]. Mais le rapport des sénégalais à la la lutte, tout comme sa place dans la société, ont connus des mutations : de pratique villageoise avant même que le Sénégal comme communauté politique ne soit ; à spectacle marchand inventé dans les années 1930, sous l’impulsion des maisons de commerce coloniales ; à la machine à fric et fabrique à idole qu’elle est devenue à la lisière entre les XXe et XXIe siècles. Tous les hommes sénégalais ont, dans leur enfance, affronté à la lutte leurs camarades de jeux. Tous se sont, le temps d’un juvénile combat, mis dans la peau du grand champion de l’époque. Moi, tant qu’à faire, je me prenais pour le plus fort qui fut à l’époque de mon enfance, celui dont la figure et le renom dominaient toute l’arène, entendre l’ensemble du sport, et qui avait pour nom Manga II[3]. Athlète impressionnant qu’un soir j’aperçus, des étoiles plein les yeux, faisant d’amples foulées, environné d’autres lutteurs de l’écurie sérère, sur la plage de la voile d’or. Originaire de l’île de Joal-Fadiouth, dans le delta du Sine Saloum, il remporta entre 1979 et 1995 une longue série de victoires qui firent sa légende sans qu’aucune défaite ne vienne la ternir. En 1999, lorsqu’enfin il chuta face à Tyson, lutteur d’un genre et d’un style inédit, qui pénétrait dans l’enceinte du stade paré du drapeau des États Unis, s’ouvre une ère nouvelle dans l’arène où tout, désormais, sera plus grand. 75 000 000 de Francs CFA avaient été ce soir-là payés en cachets. 


Une très vieille habitude 

Le cheminement qui mène à ce tournant du XXIe siècle est long. Ce que l’on sait aujourd’hui des origines de la pratique de la lutte sur ce sol relève plus de la mémoire que de l’Histoire. Aussi loin qu’on en déroule la trame, l’histoire orale porte témoignage des pratiques de lutte dans les sociétés sénégambiennes ouolofs, diolas, sérères et toucouleurs. Chez les ouolofs comme chez les toucouleurs, la lutte procédait d’une culture de la guerre, d’où la prégnance de sa variante avec frappe; chez les sérères, où elle se menait sans frappe, les combats de lutte prenaient part aux célébrations saisonnières des récoltes ; chez les diolas, la lutte concernait les deux sexes et toutes les classes d’âges. Bien avant que le projet colonial n’enfante du Sénégal, la lutte faisait partie des vies du Waalo, du Djolof, du Kassa, du Kajoor, du Baol, du Sine, de la République Lébou du Cap Vert et du Fouta Toro, entités politiques antécoloniales. 

Interrogé par le journaliste Serigne Mour Diop, Doudou Ndiaye Rose, figure majeure des percussions sénégalaise et grand connaisseur de la tradition, évoquait l’organisation ancienne de la lutte en ces termes : «  Le lutteur était choisi parmi les jeunes du village ou du quartier, d’abord pour son ascendance noble, généreuse et pour ses vertus de bravoure avérées. Il devait, en plus, être de grand gabarit et avoir démontré sa supériorité sur les autres lors des séances de lutte disputées dans le village. Alors, on ne le voyait plus courir les rues parce qu’un lutteur doit être cloitré quelque part où on le nourrit, où on lui assure aussi une bonne protection mystique, où on l’immunise et le rend invulnérable aux armes blanches, avant de le laisser descendre dans l’arène… Les rois choisissaient leurs lutteurs, les entretenaient et les envoyaient disputer tous les grands tournois. Dès que l’on entendait retentir le sajj[4] d’une contrée voisine, le champion était prévenu du tournoi et informé de la mise, le plus souvent constituée de denrées alimentaires et d’animaux domestiques. Il est même arrivé qu’un roi mette en jeu la main d’une jeune fille[5]. » On trouve, dans les mapats actuels, ces combats nocturnes, non télédiffusés et organisés sur l’étendue du territoire national, des survivances de l’organisation ancienne de la lutte. Ils fournissent à de nombreux lutteurs, loin des stades et des caméras, leurs premiers faits d’armes. 


Spectacle de masse


Que l’on s’y intéresse ou pas, l’on n’échappe pas au Sénégal à lutte, non plus qu’à la figure des lutteurs les plus adulés. Leurs sourires radieux, leurs physiques anguleux ou potelés, s’affichent sur de grands panneaux publicitaires le long des artères dakaroises. Les jours de combats, avant de lire quoi que ce soit dans les grands quotidiens, il faut avoir découvert sur leurs premières pages le corps exposé, et ruisselant de décoctions mystiques, du champion qui le soir affrontera l’outsider. La politique politicienne, les affaires de moeurs ou toute autre chose qui, d’ordinaire, passionnent la presse, se voient remiser à l’arrière-plan de l’information. À la date et à l’heure des grands combats, qui se tiennent en fin d’après-midi, les rues de la ville son désertes, silencieuses et le non-initié pourrait croire que les gens se livrent à une sorte de sabbat. L’épilogue de ce moment qui, des jours durant, aura donné lieu à d’animées discussions spéculatives dans les grandes places, les cours d’école et les gares routières, est la chute de l’un des lutteurs, la fin du suspense. Lors du dernier d’entre ces grands combats, qui opposait Modou Lo à Eumeu Sène, deux des plus populaires lutteurs de la banlieue Dakaroise, la victoire du second, par les réactions passionnées et conjuguées de millions de téléspectateurs, réactions de joie et manifestations de dépit, a fait retentir sur la ville un brouhaha terrible. La terre sous mes pieds avait il me semble tremblée.


S’entrainer, manger(énormément), lutter et vaincre

J’ai dans mes relations dakaroise le rappeur populaire Canabasse. Depuis quelque temps, je le vois, sur les images que la presse relaie, en compagnie d’un homme très grand, très costaud à côté duquel lui même qui l’est plutôt semble fluet. Je découvre dans les commentaires d’un article que l’homme en question est lutteur, il en avait tout l’air, et qu’il se fait appeler « Imposer ». Par Canabasse, j’obtiens le numéro d’Imposer qui me donne rendez-vous à la rédaction de Sunu lamb, quotidien consacré à lutte qui les jours de grand combat fait le plus gros tirage de la presse sénégalaise. Quand j’arrive dans l’immeuble et que j’en gravis les étages, je tombe sur un vigile dont je note qu’à chacune de mes interpellations en wolof il répond par un français très pur. Renseignements pris, il me laisse accéder aux locaux de la rédaction et, sur une banquette qui longe le mur du couloir, je trouve Imposer, assis avec deux membres de son entourage et un reporter qui lui tend son enregistreur. Je prends place à côté d’Imposer, comme un monticule au voisinage d’une montagne, me tiens silencieux et attentif aux réponses qu’il fait aux questions reporter. Il m’est souvent arrivé, en me trouvant au voisinage de personnes très grandes et très amples, relativement à moi qui ne le suis pas du tout, constatant l’écart considérable de proportions qui se peut exister dans le genre humain, de douter que nous fassions tous vraiment partie de la même espèce. Ce doute, qui n’est certainement pas rationnel, est peut-être d’inspiration physiologique, mémoire préhistorique et conscience qu’a le corps minuscule de ce que celui colossal pourrait lui faire de mal. 

J’apprends dans la conversation qui se noue entre le journaliste spécialisé et Imposer, que ce dernier a commencé par être Rugbyman ; que le Sénégal compte 5000 licenciés et 50 écuries de lutte. S’énoncent des noms de lutteurs qui ne sont pas présents ; je note celui-ci qui m’amuse beaucoup: « Usine Doolé[6] », en anglais Fitness Plant. L’interview s’achève et tous vont dans une pièce du fonds poser pour une photo collective. Imposer et son entourage reviennent et proposent que nous allions discuter dans le fast food qui se trouve de l’autre côté de la rue. L’endroit est animé, des lycéennes et lycéens l’emplissent de leurs bavardages. Une serveuse vient prendre les commandes, des burgers pour la plupart et des Coca Cola. Imposer a 26 ans, il est lutteur et a d’autres activités : commerce de poulets qu’il élève et prestations de garde rapprochée. « Démarcher les promoteurs, m’apprend-il, obtenir des combats, ça n’est pas mon affaire, c’est celle de mon staff. Mon rôle à moi c’est de m’entrainer et de manger. » Nous sommes en janvier 2016, un grand tournoi se tient à Dakar, sponsorisé par la télévision numérique terrestre qui se lance et force est de constater qu’Imposer n’y prend pas part. Il ne montre pas d’amertume, mais finit par se plaindre à mots voilés du milieu et à déplorer l’absence de Fédération nationale calquée sur le modèle des autres sports. Il m’apprend que le CNG sanctionne et tape dans le portefeuille des lutteurs pour trois fois rien. Un retard de dix minutes et 10 000 Francs CFA sont ponctionnés du cachet du lutteur. Pour ceux, en début de carrière, qui ne touchent pas plus de 50 000 Francs CFA par combat, c’est substantiel.

Le CNG, dont la direction se compose de notables dakarois dispose dans son arsenal, d’une tripotée de sanctions. Pour avoir utilisé une bouteille de décoction mystique de plus de 5 litres, Modou Lo a vu 4 millions de son cachet de 15 millions passer dans la poche du CNG. Imposer est encore jeune, il a 26 ans et sa carrière est encore susceptible d’exploser. Il est né et a grandi à Thiaroye dans la banlieue dakaroise. Enfant, il est «  en 1997 marqué par le combat de Tyson contre Moustapha Guèye », le tigre de Fass. «  Ce combat, se souvient il avec un grand sourire, je l’ai plusieurs fois réinterprété. Tyson est devenue mon idole et puis je me suis dit, pourquoi n’aurais je pas le même destin ?» Après être passé par les mbapats, Imposer a intégré l’arène où il est désormais sollicité par les plus grands promoteurs, Aziz Ndiaye, Gaston Mbengue et Luc Nicolaï, qu’avec émoi les amateurs de lutte ont vu condamner pour trafique de drogue. J’ai demandé à Imposer pourquoi il continue d’entrer dans l’arène, d’affronter le regard de la foule et les coups de ses adversaires. « La victoire, a-t-il répondu, c’est une sensation qu’il faut avoir connue pour la comprendre. Les défaites découragent, mais le souvenir de la victoire fait de moi un addict de l’arène, c’est dans mon sang. »


Un peuple ?

La stature de figures publiques des lutteurs, dont la renommée dépasse de loin celles, par exemple, des grands écrivains, savants et artistes, donne lieu dans certains milieux à de perpétuels soupirs chagrins. Même les métiers périphériques de la lutte, ceux de promoteurs de combat et de commentateur, assurent à leurs praticiens une célébrité, ainsi qu’une aisance financière, qu’aucun « intellectuel » ne peut rêver. Au Sénégal, pays de la Teranga, la munificence touche jusqu’au statut d’intellectuel, que l’on décerne a quiconque a eu les moyens, la patience et la soumission de rester sur les bancs de l’école jusqu’à l’âge de 25 ans, n’eut il dans la bouche que des paroles empruntées. Que les lutteurs, qui ne se sont pas donné cette peine, aient à la fois plus de capital financier et symbolique que les gens sortis de l’université, cela entraine chez ces derniers bien des frustrations dont l’expression dit à peu près ceci : « La société sénégalaise aujourd’hui promeut des contre-valeurs. L’on donne à la jeunesse, plutôt que des modèles positifs, c’est-à-dire instruits, des analphabètes, des brutes écervelées. » 

La frustration et l’aigreur donnent lieu à des ricanements. C’est ainsi que l’on se moque des lutteurs, par exemple, en leur posant face caméra des questions dont on s’attend à ce qu’ils n’aient pas les réponses. Un grand moment de télévision, qui fait encore rire, avait montré un lutteur répétant à chacune de ses phrases le mot « forever » jusqu’à ce qu’il vienne au journaliste l’idée de lui en demander la signification. Le lutteur, à juste titre surpris qu’on lui fasse subir une interro d’anglais, se mit à bafouer des définitions improvisées. Quand on songe qu’en 2013 se dénombraient dans la population sénégalaise 57% d’analphabètes, qui probablement auraient du mal à définir « forever », la scène est moins drôle. Peut-être même comporte-t-elle de la violence, une insulte au grand nombre et un mépris de classe. On rit aussi de la manière, toujours la même, qu’ont les lutteurs de prendre la parole dans les médias. Toujours en entame de leurs propos ils égrènent un chapelet de salutations et remerciements à l’endroit du Tout-Puissant, de leurs parents, de leurs marabouts, de leurs « fans », des habitants de leur quartier, de leur promoteur. Quand vient le ramadan, des reportages nous informent de la quantité astronomique de bouffe qu’engloutissent certains lutteurs à l’heure de la rupture du jeune. L’un déclare manger une omelette de dix oeufs, l’autre, 5 burgers pour commencer. Je soupçonne les producteurs de ses reportages d’avoir des intentions comiques. 

Ceux que j’appellerais les nègres gréco-latins, pour reprendre le mot de Sartre dans sa préface aux damnés la terre, rigolent tant qu’ils ne songent pas au fait que pendant qu’ils touchent leurs salaires convenables, lorsqu’ils ne sont pas au chômage, les lutteurs, eux, sont adulés des masses et millionnaires. 

Autre motif à froncements de sourcils chez les nègres gréco-latins, mais aussi chez les tenants d’un islam orthodoxe, l’orgie, le déferlement de sorcellerie qui se fait jour, sans complexe, dans les stades et à la télévision lors des combats de lutte. Morceaux de cartilage percés à travers lesquels les lutteurs scrutent leurs adversaires; poudres aux compositions compliquées et mystérieuses ventilées sur la pelouse du stade ; hectolitres de décoctions magiques, laiteuses ou translucides, déversés sur les corps. Tout cela fait beaucoup trop païen et pensée magique pour que sa publicité ne gêne pas nègres gréco-latins et arabisants: ils en ont un peu honte. 

À l’origine de ces rituels se trouvent les personnages centraux que sont les marabouts, ou préparateurs mystiques, sans les concours desquels les lutteurs n’entreraient pas dans l’arène avec la même audace. L’un des plus renommés d’entre eux, Moussa Gningue, dit le sorcier de Fass[7], donna en 2013, à la Télévision Futur Média, un entretien lors duquel il décrivit son travail. Tout débute, révèle-t-il alors, « par l’invocation, la nuit, des noms de Dieu.» Quand le commun des mortels dort, et que lui prépare un combat, il psalmodie, chapelet à la main, avant de faire sa prière et de s’endormir. C’est là, dans son assoupissement, que lui vient «  une sorte de radar, un peu comme s’il regardait la télévision, qui l’informe de l’exaucement ou non de ses prières. » Dans le même entretien, Moussa Gningue nous apprend que « Dieu a révélé à chaque peuple un savoir occulte particulier » et que « ces révélations sont passées par les langues diverses que parlent les peuples divers. » C’est ainsi que les Mandingues se seraient vus dotés de savoirs occultes très utiles à la lutte, d’où la popularité, dans l’arène, du pèlerinage en Casamance. Cette théorie des savoirs occultes déposés dans les langues, quoi qu’elle n’ai pas encore d’article dans Nature pour la fonder, est très intéressante.

Certains segments de la société sénégalaise entretiennent une grande distance relativement aux arènes de lutte, aux lutteurs et à leur public. Les représentants des classes moyennes sénégalaises, qui vont à l’école, puis font des études supérieures, qui ont bien du mal à s’imaginer un autre destin que celui de cadre, qu’horrifierait la perspective de se donner en spectacle, tout juste vêtu d’un ngemb[8], n’entretiennent plus, l’adolescence venue, ce rapport passionnel qui lie les lutteurs à leur public. Je n’ai personnellement, quoique je sois sénégalais, été à l’arène qu’une seule fois et c’était sur l’invitation récente d’une amie Kenyane en vacance au Sénégal. Quant aux lutteurs, c’est dans les villes et villages de l’intérieur du pays, les quartiers populaires et la banlieue de Dakar surtout, où les revenus sont plus bas, où trop souvent des enfants doivent quitter l’école pour entrer en apprentissage de menuiserie, de maçonnerie, de mécanique, qu’ils se recrutent. C’est dans ces univers sociaux là seulement que la lutte apparaît comme la voie envisageable d’une ascension et d’une distinction sociales.